semaine 12. silence

silence

Les pas dans la neige dessinaient des ruisseaux de pas. Les ruisseaux cheminaient, croisant d’autres ruisseaux. Ceux faits de petites traces fines et circonspectes laissées par des chaussures de femmes. De gros ruisseaux au lit profondément marqués par l’empreinte de bottines d’hommes. Les rus entremêlés de souliers d’enfants jouettes, ponctués de glissades plus ou moins rectilignes. On distinguait nettement l’endroit, rond et chiffonné, ou le derrière de l’enfant avait brutalement rencontré la neige.
Sur la place de Frameries, des espaces vierges révélaient une mer tranquille, imprimée parfois du sillage des pneus d’une automobile. Plus loin, des ruisseaux rejoignaient des rivières tranquilles, occupées à se frayer des passages incertains entre les pans boueux des congères bordant la rue des Alliés. En d’autres endroits, les ruisseaux de pas, chamboulés, imprimaient sur la neige une ronde étrange, s’enroulant parfois en d’inquiétants torrents.
J’ai voulu choisir un ruisseau de pas pour le remonter jusqu’à son origine. Jusqu’à sa source. J’ai choisi un ruisseau très fin, très fluide, au rythme délicatement cadencé. Je l’ai remonté jusqu’au Calvaire. Le ruisseau s’arrêtait là, soudainement.
Seul, dans le silence nocturne, planté au beau milieu du théâtre de verdure, j’entendais distinctement chaque petit flocon toucher terre. Des milliers de minuscules bruits mats qui emplissaient l’atmosphère d’une langueur d’éternité.
J’étais arrivé à la Source Unique, là où les étoiles frôlent en silence le corps nu des enfants du cosmos.

photo: le Calvaire de la rue du Calvaire, le vendredi 3 février 2012, 17h58

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